Le “lièvre et la tortue” fait partie de ces petites courses locales dont tout le monde connaît le nom mais que très peu ont déjà fait, un peu comme ces livres au titre familier qui prennent la poussière dans notre bibliothèque parce qu’on n’a jamais pris le temps de les ouvrir.
Et pourtant, à moins de 3/4 d’heure de Longpont, en plein cœur du Gâtinais et à la lisière de la Forêt de Fontainebleau, un formidable terrain de jeu s’offre à nous : avec son relief vallonné et sa succession de petits sentiers à travers bois profonds, clairières et chaos rocheux, c’est un véritable paradis pour les traileurs, randonneurs et autres VTTistes.
A l’opposé des grandes courses renommées qui attirent les coureurs en quête de palmarès comme le miel attire les mouches (excusez-moi pour l’expression… ), on est vraiment là dans quelque chose d’ »intimiste ». Ainsi, au départ du 42km, c’est moins d’une centaine de participants qui s’est donnée rendez-vous aux aurores dans une vieille grange rafistolée pour le retrait des dossards.
Au niveau du déroulé de la course, on démarre en mode “tortue” avec un long single qui oblige à avancer en fil indienne, puis le “lièvre” peut prendre le relai avec des espaces plus dégagés. On prend toutefois garde à ne pas se laisser griser par la beauté des lieux, en ayant toujours la morale de la fameuse fable de La fontaine en tête : il faut savoir se préserver dans l’effort pour arriver à point. D’autant plus que le dénivelé s’avère plus conséquent que prévu; on nous annonçait 900mD+, c’est finalement environ 1300mD+ que l’on a gravi.
Assez vite, on se retrouve seul parmi les arbres et les rochers, ce qui nous permet de profiter encore plus de ces instants de communion avec la nature environnante, où l’effort physique se confond avec une certaine forme d’extase (rien ne vaut un bon shoot d’endorphine, pour voir la vie différemment… et non, je n’avais mis que de l’eau dans mes flasques). On peut en outre s’évader sans trop de craintes car le parcours est formidablement bien balisé, avec toutefois quelques facéties de la part des organisateurs qui se sont amusés à faire passer la piste à travers des passages de la taille d’un terrier creusés dans la roche, ce qui a obligé la plupart des coureurs à contourner pour retrouver la trace plus loin… et à presque transformer la course de fond en course d’orientation. A ce sujet, certains de notre groupe, dont je tairais le nom, se sont vantés d’être quand même passer dans ces trou de lapins, je savais qu’on était tous sympathique au VOA, j’ignorais que certains étaient également très « élastiques ».
Au final, que l’on ait été plutôt lièvre ou tortue, nous sommes tous arrivés avec un grand sourire aux lèvres, contents et satisfaits, et avons pleinement profité des agapes qui nous attendaient dans la vielle grange rafistolée (dont un mémorable riz au lait qui me donne encore l’eau à la bouche). La « Maisse” était dite !
Mathieu Cabello